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Et si, à la plage, vous plongiez dans le futur ?

par Mathilde Balsan, Content Strategist

ChatGPT, le deepfake, Midjourney, etc., autant de joujoux nés de l’hubris humain qui peuvent poser question en termes d’emplois, de responsabilité et donc d’éthique. Nous n’avons jamais autant entendu parler d’IA que cette année et pourtant, la littérature regorge depuis longtemps de ces fantasmes dystopiques, nous faisant gagner un peu de hauteur, elle est un art qui replace le frêle homme dans ce qu’il a de plus imparfait…

Chez Supper, nous vous conseillons d’accrocher votre ceinture avant le décollage pour lire une de ces recommandations cet été et tenter de comprendre comment nous pouvons mettre notre intelligence autant dans des machines qui la relaient que dans des œuvres qui nous inspirent à prendre le large.

La possibilité d’une île de Michel Houellebecq


Avant de faire du « cinéma » Michel écrivait des livres, celui-ci, avoue-t-il, constitue sa fierté et son aboutissement. Le protagoniste et ses futurs clones alternent leur prise de parole entre chaque chapitre : Daniel1, le prototype désabusé, humoriste célèbre et solitaire, se retrouve si brisé par sa vie sentimentale et sexuelle qu’il rejoint une secte directement inspirée des Raëliens, dans laquelle Houellebecq a séjourné ; l’autre narrateur, Daniel24, son clone d’un monde postapocalyptique, réside dans une claustration froide, s’exprimant par un lyrisme au goût métallique. En remontant le récit de vie de sa souche, il essaie de comprendre pourquoi la société humaine a échoué. Mais reste-t-il un désir d’amour malgré l’interminable éternité ? Le sublime : entre fascination et stupeur, c’est là toute la performance de l’auteur avec ce livre singulièrement poétique, comme s’il faisait suite à toutes les thématiques que Les Particules Élémentaires avait déjà soulevées.

L’invention des corps de Pierre Ducrozet


Autant de personnages et de destins entrelacés aux intelligences redoutables que dans la série Sense8, illustrant parfaitement l’image du cerveau collectif de Joël de Rosnay où des personnages se retrouvent connectés à l’échelle planétaire à un réseau redéfinissant les limites du corps et du réel. Ils devront répondre aux conséquences sociales, économiques et environnementales d’un battement d’aile instigué par le manitou de la Silicon Valley aux allures d’Elon Musk, prônant le sauvetage de la civilisation grâce à une bouée nommée « l’Appareil »… L’effet papillon, au cœur de la mondialisation et d’Internet, se retrouve littéralement mis en forme dans ce texte dont les arcanes dignes d’un jeu vidéo laissent le suspense entier à chaque étape. À voir si une fois le livre posé, il sera possible de le distinguer du vrai.

Le successeur de pierre de Jean-Michel Truong


Après une formation en psychologie et en philosophie, Truong est devenu dans les années 1990 un cogniticien spécialiste en éthique de l’IA, il a trouvé son salut dans des romans d’autant plus appréciables qu’ils se font rares. Entre deux ouvrages sur le clonage(Reproduction interdite, 1988) et le marché de la vieillesse (Eternity Express, 2003), il concrétise la Singularité si chère aux transhumanistes : ce moment où l’intelligence humaine, biologique, sera supplantée par l’intelligence artificielle non assistée. Après une pandémie mondiale, les gouvernements ultra-libéraux décident de placer les Hommes dans des millions de cloaques individuels superposés pour former d’immenses pyramides, leur vie ne tenant que sur le Web et quelques forums. Autrefois existait un âge d’or en Asie qui ferait pâlir l’idéal évolutif chrétien d’une humanité allant vers le bien et détentrice de toute la vérité. L’originalité de ce roman réside dans le parallèle établi entre les Écritures et Internet où, dans leur froideur minérale, poussé aux extrêmes, l’homme n’est qu’un maillon de la chaîne phylogénétique.

IA, miroirs de nos vies de Fibretigre et Arnold Zephir, illustrée par Héloïse Chochois


Sous les projecteurs d’un Show TV, une animatrice annonce la victoire d’AlphaGo face à un joueur redoutable et se tourne vers son invité : « Est-ce qu’on peut officiellement dire que la machine met en danger l’homme en tant que créature la plus intelligente de la planète ? » Son interlocuteur va dédramatiser la situation actuelle au sujet de l’IA en avançant ses arguments philosophiques sous les rires gras et encourageants de l’audience. Voici l’introduction de ces deux cents pages illustrées qui tentent d’apaiser les peurs que soulève parfois le progrès technologique et ses algorithmes incompréhensibles. Cette BD se veut pédagogique (avec différents niveaux de lecture) et résolument rassurante : au seuil d’un futur idéal où nous travaillerons moins car les IA ne seront pas sur le point de nous remplacer mais resteront simplement à notre service en tant qu’outil dont le fonctionnement est analysé ici pour nous rendre la sérénité.

L’oiseau moqueur de Walter Travis


D’ailleurs, en parlant d’oisiveté grâce à la technologie, dans ce roman, le lecteur est plongé en 2400 au cœur d’un nouveau monde où ce qu’il est en train de faire a disparu. En effet, nul besoin de se plonger dans un bon livre quand les écrans tapissent la réalité d’images, un seul slogan demeure : « Pas de questions, détendez-vous ». Le glissement lent et responsable vers l’anéantissement intellectuel et le repli sur soi s’opère grâce à des pilules tranquillisantes et légalisées du nom de Sopor car, après tout, les robots et les machines étant devenus plus intelligents que les humains, à quoi bon s’embêter du reste et pourquoi ne pas devenir des robots nous-mêmes ? C’est sans compter sur le sursaut d’un vieil homme qui va réapprendre le goût de la lecture… Afin de nous faire savourer l’ici et maintenant pour lire, et tout ce qu’on pourrait perdre si ce plaisir nous était enlevé. Ne supplantez pas trop votre cerveau cet été.
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